Le cimetière... Sûrement l'endroit le plus calme de Dellusion. Le plus lugubre aussi, mais n'était-ce pas ici que reposaient les morts ? Si jamais il y avait eu du vacarme comme on en entendait dans les foires, ça n'aurait pas été un cimetière. Au moins, ceux qui avaient eu une vie sans répits connaissaient un peu de repos à présent...
Mais l'intérêt principal de ce lieu était qu'on n'y voyait personne de vivant, ou rarement. C'était d'ailleurs pour cela que les pieds de Naoko l'avaient menés ici : il cherchait un coin où il pourrait bouquiner tranquillement et l'avait trouvé. Et cette fois-ci, ce n'était pas un livre qu'il voulait lire, mais une lettre qu'il venait de recevoir ce matin même de ses parents. Des parents inquiets et possessifs qui n'avaient pas été informé de la décision de leur fils de devenir un fourreau humain.
Sans aucun soin, Naoko déchira un côté de l'enveloppe et en retira une feuille de papier qu'il s'empressa de lire. Assis sur une tombe, il ne se préoccupait pas le moins du monde du gardien qui pouvait passer par là d'un moment à l'autre. Même le soleil, qui était haut dans le ciel et indiquait que midi approchait, ne le gênait pas. Il ne s'occupait que de la lettre.
A la première ligne, un plis soucieux apparut sur son front. Puis, vers le milieu de la lettre, il serra les dents en tenant de manière crispée la feuille. Quand il eut fini, il froissa le papier, jeta la boulette derrière lui et poussa un cri de rage tout en frappant du poing violemment le bord de la tombe où il était assis.
*J'étais sûr qu'ils allaient me demander de revenir !* Pensa-t-il avec colère.
Depuis tout petit, ses parents ne supportaient pas de le voir s'éloigner d'eux. Ils auraient aimé faire de lui quelqu'un d'obéissant, de respectueux et d'important. Ils avaient tellement peur que leur fils choisisse une autre voie que celle des affaires qu'ils lui avaient interdit toutes sorties en dehors de l'école. A la maison, il n'avait le droit que d'étudier. Pas de jeux pour lui. Ses parents avaient été élevé durement et faisaient la même chose avec leur fils unique. Ils n'avaient même pas pris la peine de le connaitre, lui. Logique alors qu'ils ne comprenaient pas le choix de Naoko de courir tout droit vers la mort.